Une étude menée par le Centre canadien de protection de l’enfance jette un éclairage nouveau sur la cyberviolence sexuelle contre les enfants au Canada et les réponses insuffisantes du secteur de la technologie et des gouvernements
L’enquête menée auprès de quelque 1300 victimes adolescentes révèle que les messageries privées sont en tête de liste des environnements propices à la violence sexuelle; Snapchat est la plateforme la plus souvent citée.
Pour diffusion immédiate
Winnipeg, Canada – Un nouveau rapport du Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) apporte des données inédites sur la cyberviolence sexuelle contre les ados sur les plateformes de médias sociaux et d’autres services en ligne grand public au Canada.
Voici quelques faits saillants de cette enquête menée auprès d’un échantillon national représentatif de 1279 jeunes de 13 à 17 ans qui ont déjà été victimes de cyberviolence sexuelle :
- Près de 9 répondants sur 10 (86 %) ont subi de la violence sexuelle dans des environnements de communication privés (par exemple, messageries privées, appels vidéo ou groupes fermés).
- 2 répondants sur 5 (39 %) ont subi de la violence sexuelle sur SnapchatMD, soit nettement plus que sur n’importe quelle autre plateforme.
- Plus de moitié (52 %) des victimes ont déjà reçu une image nue ou sexuelle non désirée, et 1 victime sur 6 (17 %) a déjà été mise en scène dans une image truquée (nue ou sexuelle).
- Plus de 9 victimes sur 10 (93 %) pensent que le Canada devrait prendre des mesures législatives pour obliger les applications et les plateformes à prévenir la cyberviolence. La plupart d’entre elles croient aussi en l’utilité de mesures de sécurité.
Malgré leur gravité, ces incidents n’ont été signalés que par 1 victime sur 5 (20 %) à l’application ou à la plateforme en cause. Le motif de non-signalement le plus souvent cité par les victimes est la conviction que l’application ou la plateforme ne pouvait rien faire pour les aider (43 %).
Lorsqu’elles se sont adressées à un service en ligne pour faire supprimer des images nues ou sexuelles qui s’y trouvaient, 2 victimes adolescentes sur 3 (67 %) ont dû patienter plus d’une journée, alors que les délais augmentent les risques de redistribution et de revictimisation.
« Les faits démontrent pour une énième fois que les enfants au Canada sont en proie à des cyberprédateurs, et j’espère que ces précieux constats tirés d’expériences vécues par nos enfants seront utiles pour l’élaboration de lois sur la sécurité en ligne au Canada », a déclaré Lianna McDonald, directrice générale du CCPE.
Les résultats, ajoute-t-elle, mettent aussi en évidence certaines lacunes importantes du défunt projet de Loi sur les préjudices en ligne, notamment le fait qu’il n’aurait pas assujetti à des obligations de diligence les messageries privées et autres environnements numériques où les enfants sont le plus exposés à la cyberviolence. »
Le rapport offre plusieurs recommandations pour l’élaboration d’un cadre canadien de sécurité en ligne, sur le modèle de ce qui existe déjà au Royaume-Uni, en Union européenne, en Australie et à plusieurs autres endroits. Ces recommandations sont les suivantes :
- Imposer aux services de messagerie privée et à divers autres services en ligne des obligations de diligence proportionnées aux risques.
- Obliger les services en ligne à détecter et à supprimer rapidement les images sexuelles d’enfants.
- Prévenir les interactions dangereuses ou inappropriées entre adultes et enfants dans les espaces numériques.
- Songer à modifier le Code criminel pour faire face aux nouvelles menaces, comme la création d’images nues hypertruquées à l’aide de l’IA.
- Obliger les services en ligne à adopter dès la conception des codes de sécurité qui mettent en avant la protection et l’intérêt supérieur des enfants.
La version intégrale du rapport avec ses constatations et ses recommandations détaillées est disponible ici. (Ce rapport est disponible actuellement en anglais et, plus tard cette semaine, le sera également en français.)
Paramètres de l’enquête :
Le CCPE a élaboré un questionnaire et a retenu les services de Léger, une firme d’études de marché et de sondages, pour mener une enquête anonyme en ligne. Le questionnaire de l’enquête était disponible en français et en anglais. Les 1279 participants devaient répondre aux critères suivants :
- être âgés de 13 à 17 ans (inclusivement) au moment de l’enquête;
- habiter au Canada;
- avoir subi au moins une forme de cyberviolence sexuelle.
Pour obtenir des résultats représentatifs au niveau national, nous avons pondéré les données selon l’âge, le sexe et la province en fonction des données démographiques du recensement canadien de 2021.
Contacts médiasCentre canadien de protection de l’enfance
1 (204) 560-0723
communications@protegeonsnosenfants.ca