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DÉCLARATION DU GROUPE PHOENIX 11 AUX LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DES CINQ PAYS


Pour publication immédiate

C’est un anniversaire pour le moins sinistre qui nous amène à vous écrire aujourd’hui. Il y a cinq ans, nous étions onze femmes avec une chose en commun : nous avons toutes subi à l’enfance des abus sexuels qui ont été enregistrés et diffusés en ligne et hors ligne. En février 2018, le Centre canadien de protection de l’enfance et le National Center for Missing & Exploited Children (NCMEC) nous ont réunies pour voir quels liens pourraient se créer au sein d’un groupe disparate de survivantes. Nous sommes sorties de cette première rencontre avec un objectif : empêcher que d’autres enfants soient abusés et exploités sur Internet comme nous l’avons été. S’il y a une bonne chose à tirer des horreurs que nous avons vécues, c’est que notre expérience collective soit partagée pour éviter aux générations actuelles et futures d’enfants de connaître le même sort que nous.

S’il y a une bonne chose à tirer des horreurs que nous avons vécues, c’est que notre expérience collective soit partagée pour éviter aux générations actuelles et futures d’enfants de connaître le même sort que nous.

Au cours des cinq dernières années, nous avons adressé des dizaines de déclarations aux gouvernements du monde entier. Nous avons partagé nos expériences en présentiel et en distanciel. Nous avons lancé des appels à l’aide, en proie aux larmes et à une peur paralysante. Nous avons terminé chacun de nos plaidoyers sur l’importance de mettre fin aux abus et à l’exploitation sur Internet par la même demande : que le gouvernement mette en place des mesures législatives sérieuses pour protéger ses citoyennes et citoyens les plus vulnérables.

Cela fait cinq ans que nous sortons de réunions, de tables rondes, de sommets et d’audiences où tout le monde convient que les entreprises de technologie doivent être tenues responsables de leur rôle dans l’épidémie mondiale de cyberviolence sexuelle contre les enfants, sans que rien ne soit fait pour les obliger à rendre des comptes. Nous avons entendu des législateurs nous dire en personne que les entreprises de technologie seront tenues responsables de leur rôle dans les abus et l’exploitation subis par les enfants sur Internet. Il ne doit pas s’agir de paroles vides; le statu quo n’est pas une option.

En mars 2020, nous avons participé à la Maison-Blanche à une table ronde au terme de laquelle les entreprises de technologie se sont vu offrir la possibilité d’adhérer à un ensemble de Principes volontaires pour contrer l’exploitation et les abus sexuels des enfants en ligne. Ces principes créés par le Groupe des cinq appelaient les entreprises de technologie à mettre la sécurité des enfants en avant sur toutes leurs plateformes et à protéger les survivant·es. Ils offraient aux entreprises de technologie la possibilité de contribuer à rendre l’espace numérique plus sûr pour les enfants. Cependant, trois ans plus tard, force est de constater que les entreprises de technologie n’agiront pas volontairement sur ces questions. Nous savons ce qui doit être fait et nous ne pouvons pas attendre que les entreprises de technologie le fassent, car elles n’ont jamais cessé de prouver que le bien des enfants ne fait pas partie de leurs priorités.

Nous savons ce qui doit être fait et nous ne pouvons pas attendre que les entreprises de technologie le fassent, car elles n’ont jamais cessé de prouver que le bien des enfants ne fait pas partie de leurs priorités.

On ne s’étonnera pas que, en ces années d’inaction législative, les prédateurs d’enfants sont très actifs. Chaque jour, le NCMEC reçoit en moyenne via son service CyberTipline quelque 80 000 signalements d’images d’abus pédosexuels horribles diffusées sur le Web visible. Pendant que nous participions à des réunions au cours des cinq dernières années, le NCMEC a reçu 118 657 5781 signalements via son service CyberTipline. Pour chacun de ces quelque 118,6 millions de signalements, il y a un bébé, un bambin ou un enfant qui a été abusé sexuellement à travers des actes horribles et violents que nous n’avons personnellement pas le luxe d’ignorer. Ces abus ont été diffusés en direct ou relayés sur Internet sous forme de photos ou de vidéos et, en l’absence de mesures législatives nécessaires, les victimes qui ont survécu à ces abus resteront à jamais hantées par l’immortalisation en ligne des pires moments qu’elles ont vécus.

Nous réitérons notre appel à des mesures législatives de grande portée pour lever trois grands obstacles qui, à nos yeux, s’opposent à la protection de nos enfants sur Internet :

  1. dicter aux fournisseurs de services électroniques (FSÉ) les meilleures pratiques à adopter pour détecter et supprimer proactivement les images d’abus pédosexuels;
  2. éliminer la possibilité pour les FSÉ de déterminer les images pouvant constituer des images d’abus pédosexuels;
  3. ouvrir la voie à des sanctions pour les FSÉ qui continuent de faire passer les profits avant les enfants en limitant l’immunité juridique dont ils bénéficient actuellement en vertu de l’article 230 du Communications Decency Act.

Les membres du groupe Phoenix 11 restent unies dans leur engagement à combattre l’épidémie mondiale de cyberviolence sexuelle contre les enfants par tous les moyens possibles. Nous vous demandons aujourd’hui de vous joindre à nous dans cette lutte en agissant de façon mesurable sur les points énoncés ci-dessus pour combattre ce problème avec les moyens dont vous disposez. Nous n’avons tout simplement plus de temps à perdre à discuter des raisons qui justifieraient ces actions quand nous connaissons déjà les réponses. Nos enfants ont besoin que nous agissions et ils ont besoin que nous agissions maintenant – il faut mettre des lois en place pour les protéger dès maintenant.

Signé,

Un groupe de 11 survivantes d’abus pédosexuels unies contre l’inadéquation des réponses à la large circulation des images d’abus pédosexuels sur Internet


  1. 1 Protecting our children online, U.S. Senate Committee on the Judiciary, 118th Cong. (2023) (témoignage de Michelle DeLaune). https://www.judiciary.senate.gov/committee-activity/hearings/protecting-our-children-online

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Contact médias
1 204 560-0723
communications@protegeonsnosenfants.ca

Un mot sur le groupe Phoenix 11 :  Le groupe Phoenix 11 réunit des survivantes d’abus pédosexuels enregistrés et, dans la plupart des cas, diffusés sur Internet. Ces survivantes se sont mobilisées pour dénoncer haut et fort l’inadéquation des réponses à la prolifération des images d’abus pédosexuels sur Internet.

Un mot sur le Centre canadien de protection de l’enfance  : Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) est un organisme de bienfaisance national voué à la protection de tous les enfants. Il veut réduire l’exploitation et les abus sexuels d’enfants et offre à cette fin des programmes, des services et des ressources aux familles, au personnel éducatif, aux organismes de services à l’enfance et aux forces policières du Canada ainsi qu’à d’autres intervenants. Cyberaide.ca , – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet – relève aussi du CCPE, de même que Projet Arachnid, une plateforme Web qui détecte les images d’abus pédosexuels connues sur le Web visible et le Web clandestin et qui envoie des demandes de suppression à l’industrie.

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