Les images d’abus pédosexuels ne font pas qu’immortaliser des abus survenus dans le passé; elles exposent aussi les victimes à la traque et au harcèlement dans le présent.
The child sexual abuse material survivor as homo sacer: Bare life under cyber-libertarianism
On pourrait dire que les survivant·es de la production d’images d’abus pédosexuels sont en situation d’abandon politique devant le courant libertarien qui habite Internet. Même si la production, le partage et la possession d’images d’abus pédosexuels sont illégaux dans presque tous les pays, dans les faits, l’infrastructure mondiale d’Internet a donné lieu à la création d’une zone où les lois sont suspendues et où les pédocriminels agissent souvent impunément.
Cette étude, réalisée par les chercheurs du CCPE et le professeur Michael Salter, illustre la réalité de trois femmes — désignées Jane Doe 1, 2 et 3 — dont les images des abus sexuels qu’elles ont subis à l’enfance restent parmi les images d’abus pédosexuels les plus largement diffusées sur Internet. L’examen de milliers de conversations relevées sur des forums pédophiles du réseau Tor révèle la glorification de ces trois femmes, considérées comme des icônes culturelles. Le fait que certains pédocriminels cherchent activement à se renseigner sur elles montre que les images d’abus pédosexuels ne font pas qu’immortaliser des abus survenus dans le passé; elles exposent aussi les victimes à la traque et au harcèlement dans le présent. Cette situation n’est toutefois pas inévitable; il est possible de changer les choses.
Lire l’étude*
* En anglais seulement pour le moment.
Recommandations
- Détecter les images d’abus pédosexuels et les supprimer de manière proactive, et non pas seulement en réaction à des signalements.
- Offrir des services de soutien spécialisés aux survivant·es, notamment en ce qui concerne l’élaboration d’un plan de protection, l’indemnisation financière et les soins de santé mentale.
- Perturber plus fortement le fonctionnement des forums pédophiles sur Tor, qui banalisent la violence sexuelle contre les enfants.
Un mot sur le professeur Michael Salter :
Michael Salter est le directeur de Childlight UNSW, le centre australasien de Childlight — Global Child Safety Institute, qui s’intéresse à la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels d’enfants. Childlight UNSW est rattaché à l’École des sciences sociales de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, où le professeur Salter mène des recherches d’envergure nationale et internationale sur l’exploitation sexuelle des enfants, la violence sexiste et les traumatismes complexes.